Il y a un millénaire, le dialecte issu du latin, teinté d'influences germaniques, qu'adoptent les rois de l'Île-de-France, donne naissance au français. Langue de l'élite et très tôt internationale, il faudra attendre le XXe siècle pour qu'elle devienne celle de tous les Français.

Dès le Moyen Âge, le vieux français, porté par l'essor des monarques chrétiens, s'était affirmé comme la langue du raffinement et de l'élégance, celle du roman courtois qui déplace* progressivement le latin. En 1539, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts, le français est promu langue juridique et administrative du Royaume.

Au XVIIe siècle, lorsque la France devient la principale puissance démographique et militaire de l'Occident, le français s'impose comme la langue de la diplomatie et de l'aristocratie en Europe. C'est la langue du roi, parlée par un quart seulement de la population du Royaume, une langue officielle, courtisane et aristocratique, sur laquelle veillent les grammairiens. Les conquêtes royales et l'exode des protestants l'exportent hors de France, en Louisiane et au Canada, où les colons sont les premiers à réaliser l'unité linguistique alors inexistante en métropole.



Avec la révolution, le français est proclamé langue de la nation toute entière, mais c'est la bourgeoisie qui la confisque pour en imposer le bon usage. Discréditée dans les cours européennes par les guerres napoléoniennes, l'expansion coloniale la répand en Afrique et en Asie. Le français devient une langue mondiale, présente sur cinq continents. Mais en France, il faudra attendre l'instauration de l'enseignement primaire obligatoire, en 1880, et le brassage des populations, lors de la Première Guerre mondiale, pour que le français s'impose partout et que disparaissent les patois. C'est aussi le début de son déclin comme langue des échanges internationaux.

* Le journaliste a voulu dire « remplace ».