De nouveaux sites réunissent aujourd'hui les passionnés autour de centres d'intérêt communs. Un défi pour le géant américain et son moteur de recherche.
Le Web fait sa mue. Avec Facebook et Twitter, les internautes ont constaté qu'ils pouvaient découvrir des contenus sur Internet grâce à leurs amis et plus seulement en faisant des recherches sur Google. Ce basculement vers un Web de la recommandation va aujourd'hui un cran plus loin.
De nouveaux sites proposent aux internautes de rassembler et d'organiser des contenus dénichés sur le Web, dans un espace dédié, comme un conservateur de musée conçoit une exposition ou un collectionneur réunit des pièces rares. Ces sites s'appellent Pinterest, Curated.by, Pearltrees ou encore Scoop.it.
Aux États-Unis, Pinterest est devenu un véritable phénomène. En six mois, ce service - qui propose de créer des tableaux de bord thématiques sur lesquels on «épingle» photos, liens et commentaires - a multiplié son trafic par 40, à 11 millions de visiteurs uniques mensuels. Ce qui l'a propulsé dans le top 10 des sites communautaires du cabinet d'études Hitwise Experian. Les passionnés de shopping se retrouvent sur Nuji, les amateurs de belles photos ont Piccsy. La France a vu émerger dès 2009 la plateforme Pearltrees, suivie, en 2010, de Scoop.it.
D'autres services, dont le projet de départ n'était pas de créer de tels «index» thématiques du Web, y ont été poussés par leurs utilisateurs. C'est le cas de la plate-forme de microblogging Tumblr, dont la simplicité d'utilisation a conduit de nombreux utilisateurs à en faire des inventaires à la Prévert de l'ère numérique.
De même, le site de questions-réponses Quora a adapté son offre en lançant le service «Boards» fin décembre 2011. Créé par des transfuges de Facebook, il propose de créer des pages dédiées à un sujet (Beethoven, voitures de collections, nouvelles technologies, etc.) et de les enrichir de contenus glanés sur le Web. «Depuis le lancement de Quora, nous avons constaté que les gens ne venaient pas seulement pour poser et répondre à des questions sur des sujets, mais aussi pour lire des contenus qui les intéressaient», a expliqué Charlie Cheever, cofondateur de Quora. Le constat l'a poussé à essayer de devenir un «réseau d'intérêts».
Des cibles recherchées par les marques
«Ce n'est pas la fin du moteur de recherche, car on en aura toujours besoin pour chercher un coiffeur pour enfants à San Francisco. Mais la recherche est devenue un service banal, qui n'est plus essentiel dans la découverte sur le Web», explique Patrice Lamothe, PDG et fondateur de Pearltrees. Lancé fin 2009, son service revendique plus de 25 millions de pages vues par mois, pour près d'un million de visiteurs uniques.
«Facebook et Twitter ont montré qu'on pouvait découvrir des contenus par les autres, et nous assistons aujourd'hui à l'essor de réseaux sociaux de deuxième génération, les réseaux d'intérêts», analyse-t-il. Pour les médias et les marques, ils peuvent changer la donne en réunissant des internautes actifs et passionnés. Déjà, Pinterest a réuni une audience recherchée des marques et des sites marchands: elle est à 58% composée de femmes, à 59% âgées de 25 à 44 ans - soit le profil type de la cyberacheteuse.
Et pour certains sites médias, Pinterest renvoie déjà plus de trafic que Facebook. «De la même manière que les gens ont mis au point des tactiques pour être bien référencés sur Google, on verra se développer des tactiques pour percer sur Pinterest et Pearltrees», estime Patrice Lamothe. Et garantira les recettes futures de ce Web de la recommandation.
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