Soucieux de montrer au Japon sa solidarité, le Louvre prépare pour fin avril une exposition itinérante dans trois villes du nord de l'archipel, dont Fukushima, et assure que la vingtaine d'oeuvres qui seront envoyées sur les lieux ne seront "pas en danger".
Cette exposition itinérante se déroulera du 27 avril au 17 septembre dans les préfectures d'Iwate, Miyagi et Fukushima, a confirmé jeudi à l'AFP Jean-Luc Martinez, directeur du département des antiquités grecques, étrusques et romaines du Louvre, et commissaire général de cette opération.
Elle commencera par le musée municipal de Morioka (Iwate), se poursuivra par le musée des arts de Sendai (Miyagi) et arrivera le 28 juillet au musée préfectoral des arts de Fukushima où elle restera jusqu'à la mi-septembre.
L'information a été révélée par La Tribune de l'Art dans un article très critique intitulé "Le Louvre de plus en plus (radio) actif au Japon". Ce site spécialisé trouve l'exposition "vide de sens" et "dangereuse pour les oeuvres" en raison du nombre de transports qu'elle implique. Il la juge "discutable" car deux des trois villes choisies, Sendai et Fukushima, se trouvent dans des régions contaminées par la radioactivité.
"Ni les oeuvres ni les personnes du Louvre qui les accompagneront sur la base du volontariat ne seront mises en danger", a déclaré Jean-Luc Martinez.
L'exposition s'intitulera "Rencontres" et comprendra 23 oeuvres (peintures, sculptures, dessins, objets d'art, de différentes époques et civilisations).
La liste doit être présentée lundi à la Commission des prêts et des dépôts du Service des musées de France, qui a déjà donné le 12 décembre "un avis positif" sur l'exposition, a précisé M. Martinez.
Les tableaux "Les trois grâces supportant l'amour" (après 1765) de François Boucher, "Le portrait de trois hommes (1775) de François-André Vincent pourraient notamment partir pour le Japon.
Des oeuvres sous vitrine étanche
Le Louvre a demandé aux musées japonais de lui communiquer la radioactivité à l'intérieur des bâtiments et à l'extérieur.
"Pour les deux premières villes, les mesures sont parfaitement normales", a indiqué M. Martinez.
"Pour le musée de Fukushima, à l'intérieur des salles, le taux est de 0,06 microsievert par heure, soit un taux normal que l'on peut trouver dans un musée parisien", a-t-il dit.
"A l'extérieur, le taux le plus élevé a été détecté sur une pelouse, avec 1,72 microsievert par heure. Cela veut dire que si un visiteur passait mille heures sur l'herbe, il serait exposé à une dose équivalente à celle que l'on reçoit lorsque qu'on passe une radio", a-t-il ajouté.
Le Louvre s'est entouré de précautions. Les caisses contenant les oeuvres seront déchargées seulement à l'intérieur du musée.
Les objets seront placés sous vitrine étanche. Les peintures, plus fragiles, voyageront même dans des caissons vitrés et ne seront à aucun moment exposées à l'air ambiant.
"Un contrôle de radioactivité sera effectué à l'arrivée", a précisé M. Martinez.
L'opération a été décidée en geste de solidarité avec les Japonais, après le séisme et le tsunami géant du 11 mars qui ont frappé le nord-est du Japon, entraînant la catastrophe nucléaire de Fukushima.
"Le Louvre qui entretient des liens particuliers avec le Japon a voulu montrer qu'il continuait à travailler avec ce pays", a expliqué M. Martinez.
Plusieurs musées européens et américains ont organisé récemment des expositions dans le nord-est du Japon récemment, a-t-il souligné.
L'exposition est financée par des mécènes japonais, le Louvre apportant ses oeuvres et son expertise scientifique. Elle sera soit gratuite soit accessible au public à un prix très bas, selon les lieux.
jeanmarcmorandini.com