La menace d'une faillite de la Grèce a resurgi la semaine dernière, accompagnée de ses répercussions pour les banques et l'économie européenne tout entière. Pourtant, le pire n'est pas sûr.
On avait laissé la Grèce "sauvée" au mois de novembre. Les banques avaient accepté de renoncer à 50 % des sommes que l'État grec leur devait. Aujourd’hui, on entend à nouveau de toutes parts que le pays risque de faire faillite au mois de mars si aucune solution n’est trouvée.
1. L'échéance du 20 mars
Le 20 mars, la Grèce doit rembourser 14,5 milliards d'obligations arrivant à échéance. Elle se trouvera dans l’impossibilité de le faire s’il n’y a pas eu d’accord avec les créanciers avant cette date. Or, les modalités de l'accord du mois de novembre sont encore en cours de négociation.
Si la Grèce ne peut pas honorer ses dettes au mois de mars, elle se trouvera en défaut de paiement. Une contagion de la crise aux pays qui détiennent de la dette grecque sera alors inévitable.
En effet, toutes les banques qui détiennent des titres grecs n’ont pas provisionné suffisamment d’argent pour pouvoir faire face à un défaut du pays. Et les créanciers privés ne seraient pas les seuls touchés : la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), entre autres, ont également prêté de l’argent à la Grèce.
Par ailleurs, la Grèce attend avec inquiétude le versement de la première tranche du plan d’aide de 130 milliards d’euros de l’Union européenne, décidé à la fin du mois d'octobre.
Des émissaires de la Commission européenne, de la BCE et du FMI sont arrivés dans le pays mardi 17 janvier pour faire le point sur le respect de ses engagements. Or, le déficit budgétaire a atteint 9,6 % en 2011, contre 7,5 % prévus, et le programme de privatisations demandé par l'Union européenne n'avance pas.
2. La Grèce et les banquiers négocient un nouveau taux
Les créanciers privés de la Grèce avaient accepté de renoncer à une partie du remboursement de leur dette mais les modalités de ce renoncement sont aujourd’hui férocement débattues.
L’objectif de l'effacement d'une partie de la dette grecque était de la ramener de 160 à 120 % du PIB (Produit intérieur brut) d’ici à 2020.
Seules les créances privées sont concernées par cet effacement partiel, c’est-à-dire environ 200 milliards d’euros, sur une dette totale de 350 milliards d'euros.
Toutefois, la décote que devront consentir les banquiers sera-t-elle de 50 %, 60 %, voire 80 % ? Les négociations s'avèrent très tendues.
Élément du marchandage : le taux d’intérêt des obligations qui doivent remplacer celles qu'avaient achetées les banques. Ces obligations à 5 ou 10 ans devraient être remplacées par des obligations à plus long terme, 20 ou 30 ans.
La Grèce propose d'assortir ces obligations de taux de 4 %, là où les banquiers voudraient 5 %.
Le FMI a proposé vendredi 13 janvier un taux de 2 à 3 % seulement, ce qui aurait équivalu à une perte de 80 % pour les banques. Cette proposition a conduit au départ du lobby bancaire mondial (l’International Institute for Finance), qui a claqué la porte des négociations, avant de revenir quelques jours plus tard.
Entre 3 et 5 %, la différence peut sembler minime, mais un ou deux points de plus de taux d'intérêt sur 30 ans représentent en fait des sommes considérables.
3. Un accord avec le FMI donne espoir
Malgré ces tensions, les autorités grecques se veulent rassurantes. Les grandes lignes de l’accord doivent être présentées avant la fin du week-end. Il semble que les banquiers n'aient pas intérêt à acculer la Grèce au défaut de paiement.
Jeudi 19 janvier, l'horizon s'est d'ailleurs éclairci dans le ciel grec : le FMI a donné son accord à la négociation de nouveaux prêts dans le cadre du deuxième plan d'aide européen, celui de 130 milliards d'euros.
Le fait que le Fonds monétaire accepte de s'impliquer dans ce plan d'aide, alors qu'il s'y était toujours refusé, prouve que l'accord avec les créanciers privés de la Grèce est sur le point d'être trouvé.
quoi.info