Le géant de l’Internet américain a créé un institut qui offre aux institutions culturelles son aide pour numériser leurs collections.
Destiné à mettre en avant la diversité culturelle, cet institut doit permettre à Google de redorer son image en France, dégradée après les litiges sur Google Books.
Quelle est la mission de l’Institut culturel de Google ?
« Marier la science et la culture, comme cela se faisait lors de la Renaissance avec des Brunelleschi, architecte et sculpteur, ou des Vinci, inventeur et peintre ». Telle est l’ambition affichée pour l’Institut culturel de Google par Carlo d’Asaro Biondo, président des opérations pour l’Europe de l’Est, du Sud, du Moyen-Orient et de l’Afrique.
Créée il y a un an, cette structure installée à Paris a pour mission de « concevoir des outils numériques pour la promotion et la préservation de la culture en ligne » , selon son directeur, Steve Crossan. Cet ingénieur écossais dirige une équipe d’une vingtaine d’ingénieurs, appelée à grandir dans les mois qui viennent.
« Nous souhaitons également aider nos partenaires culturels à valoriser les données qu’ils auraient déjà numérisées, ajoute-t-il. Il s’agit d’un investissement de compétences pour Google qui ne fait pas d’argent sur ce projet ». Aucune publicité ou lien commercial ne figure sur les sites réalisés par l’Institut, comme celui du « Art Project ». Ce dernier propose aux internautes de déambuler virtuellement dans 151 musées et châteaux du monde entier et de visualiser une sélection d’œuvres en haute définition.
Sous son égide, des images en haute définition des Manuscrits de la Mer Morte ont été réalisées en partenariat avec le Musée d’Israël à Jérusalem et deux projets ont été menés en France pour accompagner des expositions temporaires au Grand Palais et au Pavillon de l’Arsenal, à Paris. « Pour assurer une seconde vie aux expositions sur le Net, nous proposons à leurs organisateurs des outils pour les numériser de façon simple », précise Steve Crossan.
Pourquoi cet Institut s’installe-t-il à Paris ?
« 80 % des contenus sur le Net sont en anglais, regrette Carlo d’Asaro Biondo qui veut « promouvoir la diversité culturelle sur le Net et développer un enracinement local ». Or, « Paris est un lieu naturel pour la culture » , ajoute Steve Crossan, lui-même francophone. C’est pour cette raison que l’Institut a été installé (mais ne sera inauguré qu’à l’automne) dans les nouveaux bureaux de Google, un hôtel particulier de 10 000 m2 de la rue de Londres, dans le 9e arrondissement de Paris.
Mais c’est aussi parce que Google a eu quelques « soucis de communication avec le monde de la culture qui se méfie de nous depuis l’affaire Google Books » , précise Steve Crossan. Le géant américain a eu des déboires judiciaires avec des éditeurs français dont il avait numérisé des livres sans autorisation. Depuis, un accord a été trouvé et les relations avec la France se sont considérablement améliorées, Nicolas Sarkozy s’est même déplacé pour inaugurer les nouveaux locaux de Google et la création de l’Institut a été salué par le ministère de la culture.
Quels sont les projets de l’Institut ?
Il doit se concentrer sur l’enrichissement du Google Art Project en œuvres et en musées partenaires. Cinq grands projets liés à l’histoire sont en cours dont la Shoah avec Yad Vashem, le mémorial de Jérusalem, le Mur de Berlin avec la ZDF, et Nelson Mandela dont les archives sont numérisées. Les deux autres dépendront des partenariats noués par l’Institut. « Google continuera à nous financer tant que les projets ont du succès » . Un Institut philanthropique, mais pas désintéressé…
STÉPHANE DREYFUS
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