Pour son 20e anniversaire, Disneyland Paris a fait les choses en grand. Avec un spectacle nocturne inédit, une nouvelle parade et un train spécial, l'événement est placé sous le signe de la magie.
Au carnet du jour de ce 12 avril 1992, on comptait une disparition et une naissance. Alors que les journalistes de La Cinq annonçaient l'«interruption définitive de l'image et du son», les dirigeants d'Euro Disney fêtaient en musique et devant les caméras du monde entier l'ouverture de Disneyland Paris, un parc d'attractions de 51 hectares. L'heureux événement réjouit tous les Français et une bonne partie de leurs voisins européens. Il faut dire que le projet, passé, en six ans, entre les mains du Premier ministre de l'époque, Laurent Fabius, puis de son successeur Jacques Chirac, avait eu le temps d'attiser la curiosité. Si la création, en Californie, du premier parc de Mickey (par Walt Disney lui-même) remontait à 1955 et que le Walt Disney World avait vu le jour à Orlando en 1971, pour notre Vieux Continent, c'était une nouveauté.
Vingt ans après, le «bébé» a bien grandi mais ses admirateurs ne s'en sont pas lassés. Avec plus de 250 millions de visiteurs enregistrés depuis son inauguration, Disneyland Paris, fort de ses 57 attractions, ses 62 boutiques, ses 58 restaurants et ses 7 hôtels, est devenu la première destination touristique européenne.Dès le 1er avril, ils devraient être encore nombreux à s'y précipiter. Car si Disney a su montrer son savoir-faire en matière d'anniversaires, pour les 20 ans, il a prévu grand. Très grand. (Mickey) Maousse. Spectacle nocturne révolutionnaire, parade inédite, train relooké, décorations nouvelles... autant de surprises imaginées par les créateurs de l'entreprise pour émerveiller nouveaux guests et habitués. «Cet anniversaire nous permet de célébrer le chemin parcouru, assure Philippe Gas, président d'Euro Disney depuis 2008. Et nous souhaitons le faire avec tous ceux qui ont fait Disneyland avec nous.»
Le château de la Belle au bois dormant transformé
«Une explosion de magie, de lumières et de couleurs»
Quelques jours avant le lancement des festivités, Katy Harris est très affairée. Arborant un badge sur lequel on peut lire «Show Director», cette Anglaise, qui fit ses premiers pas en 1993 comme danseuse du spectacle La Belle et la Bête, est depuis un an aux manettes de Disney Dreams, un show étonnant. «C'est un spectacle nocturne extraordinaire qui transforme totalement le château de la Belle au Bois dormant à l'aide de moyens techniques dernier cri», prévient-elle. Grâce à des effets spéciaux inédits et une projection d'images réalisées en partie par les studios d'animation américains, l'ombre de Peter Pan nous embarque dans les différents univers des héros de Disney. Pour provoquer «une explosion de magie, de lumières et de couleurs», le concepteur américain du show, Steve Davison, a orchestré un ballet mettant en scène lasers, feux d'artifices, fontaines, jets et écrans d'eau sur des thèmes réorchestrés. «Etant moi-même très enfantine et rêveuse, je suis guidée par le plaisir de faire rêver les gens», confie Katy sans lâcher des yeux les essais en cours.
Du verre de soda à la peluche, tout a été relooké
Travailler pour le bonheur des autres, telle est la motivation que jurent partager la majorité des 14.500 cast members, les employés d'Euro Disney. Marie-Claire Baye-Pouey, la plus ancienne, ne se lasse pas de ces festivités: «Depuis vingt-quatre ans, je vis ici une grande aventure. Chaque anniversaire est un moment important», dit-elle. Aujourd'hui responsable de la communication des spectacles, cette femme de 51 ans a commencé sa carrière dans un petit bureau Algeco au milieu des champs de betteraves de Marne-la-Vallée. De son «premier frisson», le lever de rideau sur Main Street (l'avenue principale du parc), réservé à quelques journalistes et célébrités six mois avant l'ouverture officielle, à l'arrivée des héros Pixar dans Toy Story Playland, elle n'a rien manqué. Ni l'inauguration de Space Mountain (une attraction née en 1955 de l'imagination du vieux Walt mais réalisée quarante ans plus tard grâce à l'utilisation d'une catapulte de porte-avions), ni les festivités du Millenium, ni l'ouverture, en 2002, du parc Walt Disney Studios. Et ce qu'elle aime par-dessus tout ici, c'est la diversité des gens et des talents qu'elle suit via un réseau social réservé aux membres de la grande famille.
Parmi eux, il y en a un qui ne chôme pas en ce moment. C'est Emmanuel Lenormand, le show director parade. «Il y a trois ans, lors du premier brainstorming, raconte-t-il, nous avons décidé que le thème principal de l'événement serait la magie. Du verre de soda à la peluche, tout a été repensé à cette aune-là. En ce qui me concerne, j'ai imaginé une parade dans laquelle les fées célèbres de Disney ouvriraient le bal et où tous les VIP (Mickey, Minnie, Dingo, etc.) revêtiraient leur costume de magicien. Après quoi, nous avons pensé à un char en forme de livre de pop-up ouvert, à une musique inédite et, pour avoir ce qu'on appelle ici le “big waouh”, à utiliser une technique inédite donnant aux spectateurs l'illusion que les fées volent.» A présent, il lui reste à faire répéter aux 110 performers la chorégraphie qu'il a créée spécialement avec Johan Nus, et à suivre l'état d'avancement des costumes réalisés par les 49 couturières ou celui des chars confectionnés par 25 décorateurs.
Deux équipes que Suzan Surrel gère d'une main de maître. Cette Serbe est arrivée à Disneyland Paris il y a dix-huit ans pour être vendeuse. Fidèle à son entreprise, celle qui travaille depuis dix-huit mois sur le relooking du Train Disney du 20e anniversaire illustre une fois encore les perspectives d'évolution qu'offre la firme américaine. «La grande mobilité fait de cette société un véritable ascenseur social», assure cette Belgradoise de souche. Laurent Cayuela ne pourrait pas dire le contraire. Débarqué à Marne-la-Vallée en 1992, il a été tour à tour conducteur du petit train, membre du service visiteurs, réceptionniste puis concierge d'un hôtel, avant de rejoindre le service imaginering (contraction d'imagination et ingeniering).
Concepteur écrivain, garant du thème et de l'histoire Disney, il est chargé d'apporter du sens à toutes les installations, des toilettes aux attractions. A lui de trouver une astuce pour insérer dans un décor de western une rampe d'accès handicapés ou d'écrire le mini-scénario qui accompagnera un nouveau jeu. Avec cet homme passionné, la visite du parc pourrait durer des jours tant il déborde d'anecdotes. Ici, il vous montre une plaque d'égout offerte par la ville de New York; là il vous présente Régis, l'ambassadeur du parc; de l'autre côté de la palissade, il vous fait découvrir les écuries, le studio d'enregistrement ou la station-service de Disneyland Paris... Autant d'éléments, anodins ou spectaculaires, qui se multiplient pour faire de chaque visite au parc un moment extraordinaire. «Notre engagement est de renouveler d'année en année l'expérience magique de nos visiteurs», assure Philippe Gas. En annonçant l'installation de deux nouvelles attractions pour 2014 et le projet d'ouverture d'un troisième parc, le PDG confirme que 20 ans est bien l'âge où l'on fait les plus beaux projets...
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